Ciné débat de Laon
Nathalie Lebrun, psychologue et référente
de l’espace « La parentelle » (accueil/enfants parents sur Laon), et
Anne Jouan, animatrice au sein du « collectif famille » du Centre
Social Cap No à Laon, aussi accueillante en la parentelle, étaient
chargées de l’animation du débat.
Le film « Demandez la
permission aux enfants », de Eric Civanyan, projeté sur Laon le 9/10/07
dans le cadre du ciné-débat, porte bien son titre : il traite en effet
de la difficulté des parents confrontés aux comportements de leurs
enfants qui n’entendent pas obéir et imposent leurs règles…Progénitures
qu’ils ont eux-mêmes placées au sein de leurs familles dans une
position d’ « enfants-rois », sans toutefois avoir conscience des
conséquences possibles engendrées par cette relation « faussée » entre
les parents et les enfants.
Ce film brossait un tableau de plusieurs
parents de milieux divers qui, arrivés à un point de rupture, se sont
décidés à remédier à cette situation, en s’entraidant mutuellement,
cela dans le but de reprendre les rennes d’une éducation jusque là «
non maîtrisée ».
Les échanges ont tourné autour de l’idée qu’il n’existait aucun livre de parents.
Il
a semblé que tous les participants (une dizaine en tout) se ralliaient
à cette idée que chaque entité de parents, monoparentale ou en couple,
devait nécessairement « composer » dans ce domaine, disposant chacun de
ses propres « outils », avec au cœur, comme principal support à la
parentalité, le désir de « faire au mieux ». Cela avec « qui on est »,
et dans une société commune à tous. Il a été émis que ce désir pouvait
être porté avant nous par nos parents, avec l’idée que dans ce cas nous
pouvions le transmettre nous aussi vers nos enfants, ou bien qu’il
pouvait naître d’une autre source…
L’importance de relativiser
a été soulevée, avec l’idée qu’il fallait prendre compte que nous nous
trouvions tous, en tant que parents, moins dans « un rôle à jouer » que
dans la recherche d’un équilibre à trouver, cela en permanence pour
pouvoir « vivre ensemble » en famille, mais aussi au sein d’une société
;
Le constat qu’il n’y avait pas de « livres de parents » sur
lequel s’appuyer, mais plutôt des repères propres à chacun a amené un
papa a évoqué les préjugés très fortement ancrés dans les mentalités
qui faisait dire à beaucoup, de façon générale, que les parents avaient
tendance à démissionner ;
Il amenait ainsi le fait qu’il était
d’autant plus difficile dans ce contexte de prendre un recul sur ses
propres façons de faire et que cela encourageait un repli sur soi même.
Une
maman, vivant en milieu rural, a évoqué à plusieurs reprises ses
difficultés et surtout sa grande solitude quant à sa relation difficile
avec ses enfants (surtout avec celui âgé de huit ans) : étant seule à
les élever, elle disait avoir du mal à tisser des liens avec son
entourage, le milieu rural étant rude à ses yeux dans ce domaine. Elle
ne trouvait pas non plus d’issue dans le support éventuel de structures
d’accueil qu’elle disait inexistantes après ses recherches : pas un
lieu avec des professionnels qui pourraient lui permettre de trouver
les moyens de remédier à ses problèmes (âge de son fils incompatible
avec possibles accueils) ; Seul un psychologue pouvait l’aider selon
les informations glanées…Pour elle, cela ne suffisait pas.
A été
aussi soulevé à ce moment le fait que le travail des psychologues se
faisait à travers une approche, en premier lieu, à partir de ce qui
posait problème, et que cela était souvent vécu surtout comme un renvoi
à culpabilité et donc il était difficile pour des familles d’entrer
dans cette démarche.
A ce propos la psychologue intervenant sur
l’espace « la Parentelle » de Laon été invitée à donner un éclairage
sur ses interventions dans ce domaine. Elle a expliqué ce qu’était
cette spécialité qu’est l’haptonomie, ainsi que décrit brièvement son
champ d’utilisation dans le domaine de l’aide dans la relation
parents/enfants.
Se posait aussi la question de parents
confrontés à des difficultés dans la gestion de l’éducation de leurs
enfants, et qui n’avaient pas toujours « à portée de main » « les
tuyaux » en un soutien adapté aux situations rencontrées et posant
questions.
Cela venait s’ajouter aux freins cités plus en amont par
le papa et concernant la société décrite comme pas forcément « aidante
», de part les représentations « toutes faites » sur la démission des
parents.
Une aparté a été faite à ce sujet par un professionnel
qui a rebondi en relatant l’historique du projet « la Semaine des
parents » : celui-ci, mis en œuvre par le REAAP à la demande de la
DDASS, dans le but de répondre à ce besoin d’information des familles
quant aux dispositifs et actions existantes sur le territoire en
matière de soutien à la parentalité.
Il a expliqué que de nombreuses
rencontres avaient été organisées en amont entre professionnels
travaillant avec des familles ;
Il a aussi précisé que des
échanges avaient eu lieu entre tous ceux qui œuvraient sur le
département, sur les thèmes touchant les pratiques de chacun, et que
des questions avaient été soulevées quant à l’efficience des réponses
faites aux familles, en lien avec les demandes/ besoins. Ces
professionnels avaient, de façon générale, cette même question :
comment toucher le plus grand nombre des familles, afin que ces
dernières se sentent informées au mieux, qu’elles soient accompagnées
selon leurs besoins et soutenues dans les difficultés rencontrées.
Un homme « a globalisé » à un moment du débat, en disant qu’en tant que parents, « on avait envie de tout donner à nos enfants ». Ce qui a été repris par un papa qui avait, lui, un avis différent sur la question, et a ramené la discussion autour de la notion plutôt de « faire pour le mieux », chacun avec sa propre histoire; la prise en compte du désir des enfants ; mais aussi dans l’environnement dans lequel les enfants sont amenés à grandir et s’épanouir lors des diverses étapes de sa vie : famille, école, monde du travail ; en s’inscrivant à part entière dans le fonctionnement de la société….Là se posait la question de l’accompagnement de l’enfant, dans un cadre éducatif posé par les parents, mais aussi par la société…Celui là étant flou pour bon nombre dans la société d’aujourd’hui, où le constat que tout allait vite était fait par la majorité des présents ; où l’enfant était fort sollicité de part les technologies nouvelles naissantes et « envahissantes », mais à la hauteur du progrès…
Une maman a pris la parole avec aisance
et tranquillité, après avoir écouté d’autres personnes s’exprimer ;
elle est intervenue lorsque l’une d’elles évoquait ses difficultés à
poser des limites vis-à-vis de ses enfants (femme seule, vivant en
milieu rural)…Elle a exposé sa manière de faire, disant qu’elle
expliquait à ses enfants les pourquoi et comment / ce qu’elle leur
demandait lorsqu’elle le jugeait nécessaire pour qu’ils comprenne le
sens de ses exigences, et que d’autres fois, en revanche, les choses
étaient dites « comme ça » sans plus d’explications, dans la mesure où
elles n’en nécessitaient pas selon elle (choses du domaine de ce que
les enfants ont à faire sans grand discours : l’heure de la douche,
c’est l’heure de la douche, point !…).
Chacun a trouvé cet
échange intéressant et convivial, la parole a circulé, et certains ont
pu repartir éclairés, ou se sentir en tout cas moins seul.
Anne - email : pif@loisirsetcultutre.com